La moelle épinière, essentielle au fonctionnement du système nerveux central, transmet les informations entre le cerveau et le corps. Elle coordonne les réflexes, les mouvements et assure l'intégration des fonctions sensorielles et motrices. L'ascension apparente de la moelle épinière chez les animaux est un phénomène qui se produit pendant la croissance et le développement embryonnaire. Ce processus, observé notamment chez les mammifères, inclut un décalage entre la croissance de la moelle épinière et celle de la colonne vertébrale, entraînant ainsi une "remontée" de la moelle à mesure que la colonne vertébrale s'allonge plus rapidement. Ce phénomène est crucial pour le développement du système nerveux et pour le bon fonctionnement du corps.
Conformation
La moelle épinière est la partie du SNC logée dans le canal vertébral.
Elle est en continuité avec la moelle allongée et le tronc cérébral.
Elle donne implantation aux nerfs spinaux qui émergent par les foramens intervertébraux.
Elle représente un long faisceau cylindrique de tissu nerveux qui s'étend du tronc cérébral jusqu'à la région lombaire chez l’adulte.
Elle est protégée par les vertèbres mais n’est pas directement en contact avec. Ce sont les méninges qui l’entourent qui la fixent de la cavité du crâne et dans le canal vertébral.
On distingue trois couches de méninges (de la plus externe à la plus interne) : la dure-mère, l'arachnoïde et la pie-mère. Entre l'arachnoïde et la pie-mère se trouve le liquide céphalorachidien, qui aide à protéger la moelle épinière des chocs et des traumatismes.
La moelle épinière, pie-mère et la dure-mère sont d’origine ectodermique.
La dure-mère et les structures osseuses vertébrales sont d’origine mésodermique.
Chaque segment de la moelle épinière est associé à une région spécifique du corps et émet des racines nerveuses qui innervent des zones particulières, assurant ainsi la communication entre le système nerveux central et les organes périphériques.
Elle est en relation avec la colonne vertébrale qui l’entoure, les muscles striés et les organes qu’elle innerve et la peau dont elle reçoit les afférences sensitives (mise en place des métamères sclérotome, myotome, dermatome, viscerotome).
Croissance asymétrique et mise en place d’une tension médullaire
Dans le développement des animaux, la moelle épinière se forme précocement pendant l'embryogenèse, mais elle n'atteint pas immédiatement la longueur finale de la colonne vertébrale. En effet, au départ, la moelle épinière est proportionnellement plus longue que la colonne vertébrale chez de nombreuses espèces, mais à mesure que l’animal grandit, la colonne vertébrale s'allonge beaucoup plus rapidement. Cela entraîne une ascension apparente de la moelle épinière, qui semble remonter le long du canal vertébral.
Le développement de la moelle épinière précède celui de la colonne vertébrale, car elle est moins sensible à l'hormone de croissance libérée pendant le second trimestre de la gestation.
L’hormone de croissance a une action sur les tissus d’origine mésodermique, et non sur les tissus ectodermiques.
A ce moment, les structures osseuses dans lesquelles se loge le SNC (crâne, vertèbres, sacrum) continuent de grandir et la moelle épinière se retrouve « étirée » dans le canal vertébral.
Comme la moelle épinière est fixée crânialement au niveau de l’articulation atlanto-occipitale par sa continuité avec la moelle allongée et le tronc cérébral, elle s’effile plutôt à son extrémité caudale en un cône médullaire qui s’éloigne des vertèbres coccygiennes.
La position du cône médullaire (extrémité caudale effilée de la moelle épinière) est de plus en plus crâniale au fur et à mesure de la croissance du rachis. C’est le phénomène d’ascension progressive de la moelle épinière. Cette ascension semble continuer après la naissance pendant la croissance post-partum.
Elle n’est plus unie aux vertèbres coccygiennes que par un grêle cordon d’aspect fibreux : le filum terminal.
L’apex définitif du cône médullaire est au niveau lombo-sacré :
- - L7 chez le chien
- - S3 chez le chat
- - S1 chez le cheval et le bœuf.
Le filum terminal est entouré par les leptoméninges (pie-mère et arachnoïde), tandis que la dure-mère s’étire pour former un cône dural. Ce dernier se termine en un filum dural qui s’insère dans la quatrième ou cinquième vertèbre coccygienne, où il se connecte au ligament longitudinal dorsal.
C’est de cette évolution anatomique que découle la mise en place de la Force de Traction Médullaire.
Mécanisme adaptatif : correspondance entre moelle et racines nerveuses
Cette ascension apparente permet d’adapter la distribution des racines nerveuses, qui émergent de la moelle épinière pour innervant les différents muscles et organes. Les racines nerveuses, au début du développement, sont projetées sur toute la longueur du canal vertébral, mais avec la croissance du corps, elles sont étendues et réalignées pour correspondre aux différentes régions anatomiques. Cela assure que les nerfs périphériques, connectés aux muscles et autres tissus, s'étendent correctement tout au long de la croissance de l'animal.
À mesure que la moelle épinière remonte le long du canal vertébral, les nerfs rachidiens se déplacent également vers le crâne. Ces nerfs s’allongent et s’éloignent des structures qu’ils innervaient initialement, ajustant leur topographie au cours du développement.
C’est ce qui forme ce qu’on appelle les nerfs « queue de cheval ».
Schéma
Physiquement, une tension se met en place dans le SNC. Cette tension varie avec le mouvement du rachis par exemple : le système est en partie visco-élastique et est capable de subir des contraintes de tension ou compression sans conséquence clinique s’il revient à l’équilibre lors de la fin du mouvement.
Le maintien en équilibre du SNC est dû à plusieurs choses
Les courbures physiologiques de la colonne vertébrale peuvent être altérées par une tension excessive. Cela peut entrainer des changements nerveux sur les métamères associer mais aussi un changement de la posturologie de l’animal, ou un changement dans sa biomécanique.
Conclusion : une adaptation essentielle
L'ascension apparente de la moelle épinière chez les animaux est un processus clé du développement, permettant l’adaptation et la croissance du système nerveux central en réponse à la croissance rapide de la colonne vertébrale. Ce phénomène, visible dans de nombreuses espèces de mammifères et d'animaux marins, assure que la distribution des racines nerveuses reste fonctionnelle et cohérente, garantissant la communication entre le cerveau et les autres parties du corps.
Le mécanisme de cette ascension est une illustration fascinante de la manière dont le corps s’adapte pour maintenir des fonctions vitales, même lorsque les structures anatomiques grandissent à des rythmes différents.
Sources
Web :
https://www.revue.sdo.osteo4pattes.eu/spip.php?article234
https://www.revue.sdo.osteo4pattes.eu/IMG/pdf/BoisseleauA_12.pdf
https://www.sfip-radiopediatrie.org/wp-content/uploads/2018/07/morel_trousseau_2015.pdf
https://lmosteo.com/files/ft-et-sjsr.pdf
https://www.revue.sdo.osteo4pattes.eu/spip.php?article464
Livres et revues :
« Le corps tenségritif » de Partick CHENE et Amélie GARDELLE, ed SULLY
"Neuroanatomy: An Atlas of Structures, Sections, and Systems" de Duane E. Haines
"Principles of Neural Science" de Eric Kandel, James Schwartz, et Thomas Jessell
"Human Embryology and Developmental Biology" de Bruce M. Carlson
"Embryology" de Lewis Wolpert
"Neuroanatomy: Structure and Function" de Smith, J. New York: Academic Press. (2015)
"Embryonic Development of the Spinal Cord." Jones, A., Williams, M., & Taylor, S., Journal of Developmental Biology, 42(3), 235-246. (2017)
"Neural Pathways and Segmental Organization of the Spinal Cord" Neuroscience Review, 10(1), 112-125. Harrison, P. (2019).
"The Migration and Elongation of Spinal Nerves during Embryonic Development" Developmental Neuroscience, 38(4), 457-463. Taylor, R., & McCormick, M. (2018).
"Meningeal Structures and Their Role in Spinal Cord Development" Journal of Anatomy, 34(2), 102-111. Fletcher, J., & Johnson, R. (2020).